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En 20 ans, les JO ont fait plus de deux millions de déplacés, selon une étude
GENEVE (AP) - Expulsions, expropriations, destructions de logements sociaux, hausse des loyers: plus de deux millions de personnes, essentiellement les plus défavorisées et les minorités, ont été déplacées à cause des Jeux olympiques ces 20 dernières années, dénonce un rapport rendu public lundi par le Centre sur les droits au logement et les expulsions (COHRE).
Notamment, environ 1,25 million de personnes ont déjà été déplacées pour l'organisation des JO de Pékin. Elles seront environ un million et demi quand les Jeux débuteront l'an prochain, estime le COHRE, une organisation de défense des droits au logement basée à Genève. Des chiffres contestés par les autorités chinoises.
"Notre étude montre que pas grand chose n'a changé depuis 1988 quand 720.000 personnes avaient été forcées de se déplacer à Séoul en Corée du Sud pour la préparation des Jeux olympiques d'été", explique Jean du Plessis, le directeur exécutif de l'association de défense des droits au logement.
"C'est choquant et entièrement inacceptable que 1,25 million de personnes aient déjà été déplacées à Pékin en préparation des jeux 2008, en violation flagrante de leur droit à un logement approprié", dénonce-t-il. "Ces chiffres montrent à quel point les méga-événements, comme les Jeux Olympiques, peuvent souvent avoir des conséquences négatives en matière de logement pour les populations locales".
Le chiffre de 1,25 million ne prend pas en compte, ajoute le rapport, les quelque 400.000 migrants qui vivent "temporairement" dans 171 faubourgs dans une situation d'extrême insécurité, étant venus à Pékin en raison du manque d'opportunités dans les régions rurales. "Victimes d'expulsions forcées, leurs représentants légaux et les défenseurs du droit au logement qui contestent ou s'opposent aux expulsions sont soumis à des intimidations, du harcèlement et, dans certains cas, à un emprisonnement pour leur activisme", note le rapport.
Le ministère chinois du Logement a aussitôt rejeté les estimations du COHRE jugées "sans fondement". Entre 2002 et aujourd'hui, 6.037 logements ont été démolis pour faire de la place pour neuf sites dans le cadre de la préparation des JO, a expliqué une porte-parole du ministère Jiang Yu. "Ces citoyens ont reçu des compensations financières et ont été correctement relogés. Pas un seul foyer n'a été forcé de quitter Pékin".
L'étude de COHRE souligne aussi que cinq ans avant les JO 2012 à Londres, plus d'un millier de personnes sont sous la menace de devoir quitter leurs logements, tandis que les prix du logement grimpent.
Mais les JO précédents ont parfois été pires. Pour les Jeux de Séoul en 1988, 720.000 personnes ont été expulsées de leurs maisons et les sans-abri étaient transférés dans des installations à l'extérieur de la ville, selon le rapport.
Avant les Jeux de Barcelone en 1992, plus de 400 familles ont été déplacées pour faire de la place pour le village olympique, 20 familles expulsées du site du stade olympique et 200 autres familles pour la construction d'installations. Les loyers ont augmenté de 149% dans les six ans précédant les jeux, les personnes aux revenus les plus bas étant forcées de se loger en dehors de la ville.
Pour les JO d'Atlanta en 1996, quelque 30.000 personnes à bas revenus ont été déplacées par la hausse des prix, environ 2.000 logements sociaux démolis et une législation a été adoptée pour criminaliser les sans-abri. Ce sont les afro-américains qui ont été le plus durement touchés par ces mesures, selon le rapport.
Avant les Jeux d'Athènes en 2004, des mesures législatives avaient été prises pour simplifier les procédures d'expropriation. Des centaines de Roms ont été évacués de leurs campements.
"C'est une étude exhaustive qui aborde un sujet très important", a commenté la porte-parole du Comité international olympique (CIO) Giselle Davies, interrogée par l'Associated Press. Elle a précisé que le CIO comptait participer à une réunion de travail du COHRE sur cette question les 14 et 15 juin prochains.
Mais il n'y a pas que les JO, le rapport "Franc jeu pour les droits au Logement: Méga-événements, Jeux Olympiques et Droits au Logement" montre que tous les grands événements internationaux ont des effets négatifs sur le logement, comme la Coupe du monde de football, les Expositions universelles, les réunions du FMI et de la Banque mondiale ou même les concours Miss Monde ou Miss Univers. AP
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